Amitié franco-serbe

Amitié franco-serbe

Fraternité d'armes 1914-1918 (màj 22/02/11)

Avant d'aborder ce sujet à proprement parler, il convient de rappeler les circonstances qui ont plongé l'Europe dans la Première Guerre Mondiale.

 

Les guerres balkaniques (1912-1913) :

 

Voir cartes sur http://www.atlas-historique.net/1815-1914/cartes/EmpireOttoman1912.html

 

Conscientes de la grande faiblesse de l'empire ottoman après son humiliante défaite face à l'Italie (sept.1911-oct.1912), les petites nations balkaniques (Bulgarie, Serbie, Grèce et Monténégro), soutenues par la Russie, se liguent en octobre 1912 pour libérer les territoires des Balkans encore occupés par les turcs (Roumélie, Thrace et Macédoine). Vaincu, l'empire ottoman signe un armistice en avril 1913.

 

Le traité de Londres (mai 1913) entérine le nouveau découpage territorial des Balkans. La Bulgarie, mécontente du partage de la Macédoine (elle en revendique la majeure partie) se retourne contre ses anciens alliés serbes et grecs. Contrée, puis attaquée de toutes parts (Roumanie, empire ottoman), la Bulgarie se voit confisquée d'une grande partie des territoires récemment acquis.

 

La nouvelle configuration des Balkans, très favorable à la Serbie, inquiète fortement l'empire austro-hongrois : non seulement la Serbie double en superficie, mais elle dispose désormais d'une continuité territoriale avec son allié grec, lui offrant un précieux débouché sur la Méditerranée via le port de Salonique.

 

En octobre 1913, le compte Léopold Berchtold, ministre autrichien des Affaires étrangères, déclare pendant la séance du Conseil des ministres :

 

« Aujourd'hui, la Serbie représente un centre d'attraction et l'on peut voir que son prestige s'est accru aux dépens du nôtre. Si ce pays continue à se développer, il attirera davantage nos Yougoslaves. Le règlement des comptes avec la Serbie et son abaissement constituent donc une question vitale pour la monarchie. »

  

L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo le 28 juin 1914 par un étudiant bosno-serbe fournira le prétexte qu'attendaient les Habsbourg pour déclarer la guerre à la Serbie. D'ailleurs, on peut se demander avec raison si cet attentat n'était pas souhaité en haut lieu. Le voyage de l'archiduc héritier, Inspecteur Général des Armées, était considéré par les serbes de Bosnie comme une provocation : en effet, les autorités autrichiennes choisirent inconséquement le 28 juin, jour de Vidovdan (une fête religieuse importante chez les serbes orthodoxes, qui célèbre la Saint-Guy), mais aussi date anniversaire de la bataille de Kosovo Polje (1389). De plus, Vienne refusa de tenir compte de l'avertissement de l'ambassadeur de Serbie à Vienne, Jovan Jovanovic, qu'un attentat était en préparation. D'aucuns proches du prince lui avaient également déconseillé ce voyage et même son ancien précepteur, un prêtre, lui prédisait « une fin violente qui précipiterait le monde dans un cataclysme général »…

 

L'ordre du prince de Montenuovo, Grand-maître de la cour, de retirer la troupe (40 000 hommes) de Sarajevo, au motif que la duchesse de Hohenberg n'était pas membre de la famille impériale et royale ne pouvait pas recevoir les honneurs militaires, priva le couple de la protection de l'armée.

 

Avec l'appui de l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie remet un ultimatum à la Serbie le 23 juillet. Belgrade se dit prête à satisfaire toutes les demandes de Vienne, sauf sur un point jugé inacceptable car portant atteinte à la souveraineté de la Serbie. Le 28 juillet, malgré la bonne volonté de Belgrade, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, et bombarde aussitôt sa capitale. La première Guerre Mondiale venait de commencer.

 

La stratégie des Empires Centraux (vaincre rapidement à l'Ouest et dans les Balkans, puis retourner toutes ses forces armées contre le « géant démographique et géographique russe ») est à la fin de 1914 un échec patent. Grâce à la résistance inattendue de la petite armée belge, et la contre-offensive victorieuse de Joffre (le « miracle » de la Marne), les troupes allemandes sont contenues à l'Ouest et le front se stabilise.

 

Contre toute attente, la petite Serbie (4.5 millions d'habitants) résistera plus d'un an à l'Empire austro-hongrois (40 millions d'habitants). Ce « miracle serbe » a été rendu possible par plusieurs facteurs :

_la mobilisation d'une armée de 400 000 hommes (soit un taux à peine croyable de 9% de la population !), aguerrie par les conflits balkaniques de 1912 et 1913.

_l'état-major austro-hongrois comptait sur la lenteur de la mobilisation russe : or celle-ci sera plus rapide que prévue, et détournera une partie importante des forces austro-hongroises.

_l'aide logistique (notamment en munitions) apportée par la France.

 

Le premier affrontement important entre les deux armées eut lieu du 16 au 20 août 1914, au mont Cer, non loin de la frontière avec la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes étaient commandés par le général Stepa Stepanović. Cette victoire serbe contraignit les austro-hongrois à se replier de l'autre côté de la Drina ; ce fut la première victoire alliée de la Première Guerre mondiale. Les pertes furent importantes dans les deux camps : les Autrichiens perdirent environ 25 000 hommes et 5 000 soldats furent faits prisonniers ; les Serbes, quant à eux, avaient perdu environ 16 000 soldats . Malgré l'importance des pertes, cette victoire renforça le moral des troupes serbes.

  

La deuxième offensive autrichienne commença le 6 novembre 1914, avec des moyens plus importants que lors de la première attaque. Les Serbes, de leur côté, manquaient de munitions et, notamment, de pièces d'artillerie. Les Serbes durent se replier, abandonnant Belgrade et la vallée de la Kolubara. Le général Potiorek s'empara alors de la capitale serbe et des plans de découpage du pays furent préparés. Dans cette période difficile, le général Zivojin Misic prit le commandement de la première armée serbe. Le roi Pierre 1er, malgré son âge, allait sur le front soutenir le moral des soldats.

 

Des munitions, promises par la France, finirent par arriver, transitant par la Grèce. Le 3 décembre 1914, Misic donna le signal de la contre-offensive. L'armée austro-hongroise dut reculer et Belgrade fut reprise le 15 décembre. Cette contre-offensive porte le nom de « bataille de la Kolubara », d'après la rivière de la Kolubara, près de laquelle se déroula le combat le plus important de cette campagne militaire. Les Serbes firent prisonnier 333 officiers et plus de 42 000 soldats. Ils s'emparèrent également d'un important matériel militaire autrichien. Tout le territoire du royaume de Serbie fut libéré. En récompense de son succès dans cette bataille, Zivojin Misic fut élevé au rang de voïvode.

 

A partir du mois de décembre 1914, la Serbie connut une période d'accalmie. Le pays, qui avait réussi  à repousser deux offensives autrichiennes, en retira un grand prestige auprès de ses alliés. En 1915, en France, une « journée serbe » fut célébrée dans les écoles.

 

Source : encyclopédie Wikipédia

 

 

En octobre 1915, les austro-hongrois, renforcés par la XIème armée allemande du général Mackensen, attaquent à nouveau avec la ferme intention d'anéantir l'armée du roi Pierre 1er. Soumis à une pression intense, et pris à revers par les forces bulgares, les serbes furent contraints de céder et se replier. L'accès à la Grèce étant coupé par l'ennemi bulgare,  l'armée serbe chercha à rejoindre l'Adriatique. Elle dut alors se scinder en deux, une partie tentant d'atteindre le littoral par le Monténégro, l'autre par l'Albanie.

Les conditions de cette retraite, durant le terrible hiver de 1915-1916, ont laissé des souvenirs durables dans la mémoire collective serbe. L'armée serbe, conduite par le roi Pierre, juché sur un char à bœufs, fuyant par des routes montagneuses enneigées jonchées de cadavres… est l'image la plus marquante de cette épopée. Elle a été popularisée en France par le poème d'Edmond Rostand « Les quatre bœufs du roi Pierre ». Plus de 240 000 soldats et civils moururent en cours de route, de froid, de faim ou d'épuisement.

L'armée serbe reçut toutefois l'aide des troupes d'Esad-Pacha Toptani, un des seigneurs d'Albanie, ce qui permit de limiter le nombre des victimes (les années précédentes, Pierre 1er avait apporté son soutien à Toptani dans sa lutte contre d'autres seigneurs albanais). Les 140 000 rescapés furent transférés à Corfou avec l'aide de la marine française, les civils et blessés trouvèrent refuge en France et dans ses colonies (3 825 en Corse, 1 123 à Marseille, 907 à Alger).

Source : "Géopolitique de la Serbie-Monténégro", de Catherine Lutard, éd. Complexe.

 



05/06/2009
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