Amitié franco-serbe

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Au Nord-Ouest de la Bosnie, Serbes et Bosniens ont préservé la Paix

L'armée bosniaque malmenée par les Serbes et des Musulmans

Les partisans du Musulman dissident Fikret Abdic font cause commune avec les forces de Karadzic contre celles d'Izetbegovic : un exemple de la terrifiante confusion provoquée par la guerre.

BIHAC, principale ville de la Bosnie du Nord-Ouest, où se déroulent depuis plusieurs jours de violents combats, est un noeud d'antagonismes provoqués par la guerre nationaliste. Occupée par l'armée bosniaque, elle se situe aux confins des régions serbes de Bosnie et de la Krajina croate ; la poche de Bihac est également âprement disputée par deux fractions musulmanes rivales : celle du gouvernement de Sarajevo et celle qui est restée fidèle à Fikret Abdic, un dirigeant régional musulman favorable à l'entente avec les Serbes.

Pendant toute une période, au début de la guerre, la poche était restée à l'écart des affrontements intercommunautaires. Sous la houlette d'Abdic, tant bien que mal, la « Yougoslavie » avait survécu ici ; le commerce entre Serbes et Musulmans résistait à l'ambiance de fureur régnant dans d'autres régions, notamment à Sarajevo.

Considéré comme un traître par le président bosniaque Izetbegovic, Abdic devait reculer devant les assauts du 5e corps d'armée bosniaque il y a trois mois. Toute la poche tombait dans l'escarcelle du pouvoir central. Pratiquement plus de 70.000 personnes étaient chassées de leurs maisons, de leurs villages par l'armée bosniaque à dominante musulmane.

Refoulés en Krajina (territoire peuplé de Serbes au sein de la Croatie), ces réfugiés n'obtinrent pas du gouvernement croate le droit de quitter la Krajina pour poursuivre leur chemin à travers le reste de la Croatie, afin de gagner d'autres pays ou de se rendre en Serbie.

Les combattants des troupes de Fikret Abdic remirent donc leurs armes aux Serbes de la Krajina et s'installèrent dans des camps contrôlés par ces derniers à la frontière croato-bosniaque. Actuellement, les Serbes leur ont restitué leurs armes et les adversaires musulmans du régime de Sarajevo participent à la contre-offensive serbe autour de Bihac. Il s'agit pour eux de récupérer leur domicile. Cet aspect du conflit accroît les difficultés du 5e corps d'armée bosniaque, dont la situation devient de plus en plus précaire : plus de 80% des territoires qu'il avait conquis lui ont été repris par la coalition des Serbes et des Musulmans rebelles.

Le nombre des Musulmans combattant les troupes bosniaques atteindrait au moins 5.000, selon des responsables du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR), qui précisent qu'il est peu probable qu'ils aient été enrôlés sous la contrainte. Leur état d'esprit se reflète dans ce témoignage de l'un d'entre eux, Hussein, recueilli par l'agence Reuter dans le camp de Turanj : « Nous avons été expulsés de chez nous par les combats, et ce n'est qu'en combattant que nous pourrons y retourner. »

Les forces gouvernementales subissent d'importants revers. La pression exercée par les Serbes s'est encore accentuée depuis le début de la semaine. Selon la FORPRONU, 10 missiles sol-air tirés par les forces serbes ont touché la ville de Cazin et ses environs contrôlées par l'armée de Sarajevo, faisant plusieurs victimes. Au total, un millier d'obus ont été tirés sur le plateau de Grabez, qui domine Bihac, dans la seule journée de lundi.

Les combats dans la poche de Bihac alourdissent le climat des discussions qui se poursuivent cependant entre les Serbes de la Krajina et le gouvernement croate pour l'ouverture des communications et des échanges économiques entre cette zone administrée par les Serbes autonomistes et le pouvoir de Zagreb. La Croatie menace en effet de se porter au secours de l'armée bosniaque si la chute de Bihac devenait imminente.

JEAN-PAUL PIEROT.

 

Humanité
du 16 novembre 1994



13/08/2009
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